Ozzy

 22 juillet 2025 est une date importante, il est mort aujourd’hui le grand-père du Heavy Métal. Comment parler d’Ozzy sans tomber dans les clichés des chauves souris ou celui de sa téléréalité avec sa famille.


Le prince des ténèbres était beaucoup plus que ça, il est avec Tommy Iommi à la guitare , Bill Ward aux drum et son meilleur ami à la base Geezer Butler, Black Sabbath. Le groupe a inventé un autre genre de musique que celui du métal, pas le rock, pas le blues, mais le Heavy Metal! Le groupe est né en 1967 imaginez! 


Le premier album sort en 1970 qui s’intitule Black Sabbath comme le nom du band! Le groupe londonien a marqué son temps comme les Beatles d’après moi. Ils ont été ensemble de 1970 à 1979 après Sabbath à continuer, mais dans ma tête et mon coeur ce n’est pas Sabbath sans Ozzy comme les Doors sans Morisson, comme Nirvana sans Cobain, comme Offenbach sans Boulet, comme les cowboys fringants sans Tremblay!


J’ai découvert Ozzy dans un champ de fraises, j’avais 12 ans et une moustache molle. C’était en 1984. J’étais à l’époque de ma vie où je notais les paires de seins que j’avais touchés. Je ne nommerai ici aucune fille du petit Canada par respect!

Cette journée je m’en souviens très bien, ma mère et la grande Francine et ma tante Denise étaient venues nous porter au Perrette de la rue principale parce que l’autobus venait nous chercher là, comme des prisonniers! Ma mère Mado et ma tante Denise en pyjama à 6h du matin et la grande Francine dans sa jaquette c’était l’époque directe sa Maine. Moi, mon cousin Stéphane, mon frère Marco avions honte de ces drôles de dames même si c’était nos mères.


J’ai découvert Ozzy dans l'autobus vers les champs de fraises de monsieur Jetté à Mirabel, j’ai découvert cette musique à travers les speakers du chauffeur de bus jaune. Black Sabbath (à pine à planche) dans le tapis à 6h du matin… Paranoid, Iron man, war pig, sweet leaf, tous les classiques, de gros classiques. J’ai 51 ans et j'écoute Sabbath ou Ozzy au moins une fois par jour sur Spotify, je ne suis pu de mon temps, je sais. Dans mon cas avant c’était les cassettes Colombia!


Dans le champ de fraises de M. Jetté, un gars un peu bizarre m'a fait découvrir Ozzy et sa vie en solo, la même journée que j’ai découvert Sabbath. C'était l’époque de Crazy train. j’étais carrément sur le cul c’était comme une révélation. Je venais de découvrir mon style de musique préféré, j’ai eu le même sentiment quand j’ai vu en show à Montréal dans l’anonymat total Nirvana en 1989 après la sortie de l’album BLEACH!


Bref, j’ai suivi Ozzy par la suite jusqu’à son dernier show il y a deux semaines en chaise roulante. C’était ses funérailles en quelque sorte. Pour être honnête et transparent, j’ai vu des extraits en masse sur Tik Tok, mais rien en direct.


Pour moi Ozzy c’est un slow cochon chanté avec Lita Ford à mon bal de 6e année à St-Alexandre. (close your eyes for ever)

Pour moi Ozzy c’est (Ironman) la toune d’entrée des Road Warrior à la lutte ou pour les plus jeunes les Legion of doom!

Mais surtout, surtout , cette journée de fraise qui s’est terminé en donnant des gros (french) avec la langue a une fille plein de seins! Fille que je n'ai jamais vue avant dans les toilettes du champ et après. Pour fin historique , elle a fait partie de ma liste de filles à qui j’ai touché les seins. :) grosse journée comme on dit!


Ozzy garde nous une place au chaud en enfer svp!

Comme rien n’est dans rien, c’est officiellement mon 666 textes ou chroniques ou vlogues ou blogues, je n’ai rien inventé.


LA MAUDITE POOL ROOM

Un endroit maudit qui était situé en plein cœur de la rue Argenteuil et en même temps au beau milieu de la rue grâce. Si vous avez 45 ans et plus, vous vous souvenez très bien de ce nique à feu. Les rumeurs les plus bizarres ont couru longtemps sur ce lieu mythique pour les mauvaises raisons.

À l’époque c’était même pendant un certain le repère d’un groupe de motards qui s’appelait les Popeye’s (oui comme celui qui mange des épinards)! Ils étaient associés au Hell’s Angels et les frères Dubois de l’est de Montréal entre autres. Le genre de monde qui se réunit le dimanche après la messe sur le perron de l’église pour parler de l’homélie du Curé. L’homélie pour les plus jeunes c’est un peu beaucoup l’éditorial du curé!

À l’époque, ils étaient en guerre avec Les Devil’s Disciples, Les Outlaws et Les Satan’s Choice! Comme vous voyez, le crime organisé ne manque pas d'imagination pour se choisir des noms de club.

Et dire que dans les années 70, les popeye’s étaient parmi tous ses groupes considérés comme le plus violent, le plus sadique. C’était l’époque à mille lieues d’aujourd’hui quand on pense à ses années.

Peu importe à quelle heure tu passais devant le pool room, il y avait toujours une rangée de motos en ligné parfaitement une à la suite de l’autre. Des gros «choppers» avec des poignées Mustang, des Harley-Davidson chromées de la tête au pied et des poupounes aussi chromées que leur bécycle. Il y avait aussi le fameux tournoi annuel de pool qu'on nommait la classique d’Argenteuil. Les meilleurs joueurs de 8 de la province et même de l’est de l'Ontario, ce retrouvaient à Lachute pour cette occasion. Un chaos du début à la fin. Une tombola sans ciel, ni terre, ni matin, ni soir et ni repère. Nul besoin de boussole quand tu es au milieu de la tempête!

Puis les beaux jours du Lachute pool room comme ceux des Popeye's se sont écoulés. Le temps a fait son œuvre. À la fin des années 80, il m'était interdit d’aller voir ce qui se passait au pool room même si la place était plus ce qu’elle a déjà été. Nos parents avaient peur de cet endroit qu’il appelait le maudit pool room.

J’ai fini par rentrer dans la place. J’ai joué au billard, j’ai mis de la musique dans le jukebox. C’était, je crois, Bohemian Rhapsody de queen que j’avais choisi. Les cadres sur les murs d’un passé déjà longtemps passé, les «stools» de cuire rouge au bar, la table de snooker pour les Anglais, l’horloge Molson qui est toujours à la même heure comme si le temps s’arrêtait ici, un «rack» à chip, un «rack» en taule pour mettre vaut bouteille vide et des cendriers partout.

Une légende urbaine a longtemps circulé à Lachute et probablement qu’une fois de temps en temps elle refait surface encore aujourd’hui.

Les coups de douze dans la nuit comme les trois coups sur les planches au début d’une pièce de théâtre!

On raconte que certains soirs de pleine lune à la croisée de la rue Grâce et de la rue Argenteuil, on peut entendre des coups de douze en rafale. Un silence de mort par la suite embaume la nuit, emmitoufle l’avenue Argenteuil d’est en ouest. Ces soirs-là, le ciel est clair et la lune pleine au bouchon illumine l'ancien endroit maudit.

Quelque minute plus tard, on peut entendre des Popeye's rincer leurs «choppers» et partir sur un «nowhere» à l’infini même si l’avenue Argenteuil est complètement vide.

La 8 au coin quitte ou double


Shoeless Jean-Paul

Jean-Paul McKenzie est un fils de Mohawk, un Mohawk lui-même comme toute sa famille sauf sa mère. Il est arrivé dans mon quartier comme un cadeau mal enveloppé. Longue histoire courte, Il est arrivé dans mon petit Canada à cause de Brian Mulroney. Lui qui avait fermé Schefferville.

Il a toujours été l’indien parmi les cowboys et moi j’étais la tête de turc nous étions fait pour se rencontrer.

À chaque fois qu’on jouait aux cowboy pis au indiens, lui nécessairement, il était pogné pour être le sauvage de service. Celui qui allait subir le génocide! Oui dans mon quartier d’enfance c’était le far West mais dans les années 80, ce qui implique des «cass» de cowboy fluo et des BMX à la place des chevaux. Les filles dansaient le french can can par contre Hélène Tonka la tomboy de la gang jouait la femme de Shoeless. Une belle grosse squaw d’Amos.

Dans mon quartier l’été la seule musique qu’on entendait était dans les radio transistor de nos parents toujours bien installé sur le dessus du frigidaire ou sur une table à café dehors dans un coin de la galerie. À travers les ondes de CJLA la radio de Lachute, on pouvait entendre Les Marcel Martel, Willie Lamothe et autres.

Dans mon quartier on avait 3 postes de télévison, Radio-canada pour s’endormir sur les beaux dimanche, Télé-métropole pour les films Western à ciné quizz, CTV pour apprendre le langage des cowboys.

J’étais souvent Clint Eastwood sans peur ni reproche, lui Jean-Paul était souvent absent occupé à sa faire battre par son père. Je comprends très bien son vieux bonhomme être déraciné est pas une mince affaire. Battre sa femme et son fils restait la dernière place où il pouvait prendre du pouvoir.

On avait même une cabane dans la foret à McKenzie! Une belle cabane qui était devenu notre QG! On a élaboré là de milliers de mauvais plan.

On a joué longtemps aux cowboys et aux indiens assez longtemps pour avoir transformé ce jeux à la tag BBQ avec le temps! Danser nos premier «slow» sur du country américain. Frencher sur «The dance» de Garth Brooks. Mélanger nos langues avec les filles du quartier même Hélène Tonka. Redonner un sens à la romance!

Ya rien de plus country que de «ploter» sa voisine sur le bord de la rivière du nord un soir de pleine lune, au son des wawarons sur les nénuphars.

Pis les enfants que nous étions sont devenu des adultes malgré eux sauf «Shoeless» Jean-Paul.

Lui préférait «sniffer» de la colle et se faire des avions dans sa tête. Décoller, voyager à l’étranger partout sauf icitte. JP a jamais compris qu’on ne peut pas se sauver de soi-même! Il aime aussi le gaz autant le diesel que l’ordinaire. Combien de fois j’ai aperçu «Shoeless» en rond de chien, l’écume à la bouche sur le bord d’un container! Gelé comme une balle, les yeux qui tourne à l’envers dans le sens contraire de la terre.

Il est devenu un chiffre de plus dans les statistiques canadienne le jour qu’on la retrouver pendu dans le garage de son père à côté d’un «Catchdreamer».

«Shoeless» est mort par en-dedans depuis longtemps. Depuis le jour qu’il a dû quitter Schefferville avec sa famille.

''Quand le soleil dit bonjour aux montagnes
Et que la nuit rencontre le jour
Je suis seule avec mes rêves sur la montagne''

Le bois à McKenzie

 Il y a très longtemps, tellement longtemps qu’autour de la rivière du Nord, il n’y avait pas de forêt, ni de ciel, ni de soleil! Un enfant aurait voulu faire une cabane dans le bois et c’est comme ça simplement que le bois à McKenzie a poussé aux abords de la rivière du Nord!  Une forêt comme celle de McKenzie ne pousse pas comme un plant de tomate. Ça pousse par le désir. Le bois à McKenzie c’est en quelque sorte la forêt enchantée du comté d’Argenteuil!

Rien qu'on ne peut expliquer scientifiquement bin évidemment! Vous êtes dans ces pages directement dans un conte rural! Vous êtes dans un vortex littéraire. Ne regardez pas à gauche ni à droite, restez concentré au milieu de ce conte pas rendu au milieu. Vous êtes avec moi au bord de la rivière de mon enfance. Nous sommes avec les grenouilles de « swamp », celles avec les plus belles cuisses à l’est du pays! Des cuisses à faire rougir ces danseuses de French cancan! Des ouaouarons immenses qui font plier les nénuphars en deux, des barbottes remplies de mercure qui cherchent la chaleur du soleil, des chevreuils qui se demandent c’est quand le temps de la chasse cette année, des écureuils qui se remplissent les joues pour l’automne, des escargots qui traînent leur maison de peine et de misère! Les ours noirs se préparent à faire une « cocotte » qui va durer quelques mois! Les feuilles commencent à tomber de fatigue. C’est comme si lesol était rempli de Smarties! Ce n’est plus un temps parfait pour étendre à ce temps-ci de l’année!

Puis un jour le bois à McKenzie a trouvé son sens, sa raison d’être ou de ne pas être! Il faisait un temps shakespearien. Les corbeaux sur place avaient annoncé l’arrivée d’un p’tit garçon avec une brouette rouillée, un marteau, de vieux clous et des planches!

Le p’tit garçon arrivait décidé du haut de ses 5 ans à peine. Nous étions quelque part en 1980. C’était l’époque qu'il faisait du bécycle sans casque, sans coude surtout sans peur ni reproche. Il était un mousquetaire sans le savoir! Il avait à l’époque la couenne dure. C’est comme s’il avait de la peau de cochon. Il était selon sa mère têtu comme un âne. Souvent les adultes le traitaient de p’tit singe à batterie. Le bois à McKenzie et lui allait être en symbiose! Un mouvement naturel dans la maison de Dame nature. Parfois même il avait des airs de raton laveur, c’était peut-être un camouflage, une forme de protection en forêt.

Il venait dans le bois à McKenzie pour oublier sa vie l’autre bord de la rivière du nord de son enfance sur la rue Filion. Il venait dans le bois pour construire une cabane dans les arbres. Et qui l'eût cru, il croyait dur comme fer qu’il était un pirate! Il était et sera toujours un pirate sans bateau qui construit des cabanes dans le bois à McKenzie! Il venait ici pour trouver le silence même à 5 ans. Personne ne criait après lui dans le bois. Il pouvait même pleurer s’il en avait envie. C’est vous dire la force mythique de la forêt. C’est ici même dans ce lieu obscur pour les uns et lumineux pour les autres que Éric m'a avoué à 5 ans qu’il voulait se suicider! Il était tanné, fatigué, épuisé de se faire battre comme un bon steak par les chums de sa mère.

Les jours dans le bois à McKenzie sont toujours pareils et c’est tant mieux quand vous avez besoin de certitudes. Dame Nature est une mère intransigeante, mais juste.

Déclouer des clous rouillés de vieilles planches sans se faire mal c’était le début d’une idée de cabane. Trouver assez de planches pour faire un plancher digne de ce nom. Un plancher qui craque comme dans ces chalets de riches. Le plus compliqué, trouver un arbre parfait, pas trop haut, pas trop bas avec de grosses branches solides. Il pouvait passer des semaines à chercher l’arbre parfait et traîner son stock à sa suite. Le coeur de la forêt battait au rythme de celui d’Éric le Rouge. Les érables donnaient de l'oxygène sans le savoir. Certains oiseaux venaient regarder l’enfant battu faire son nid! Lui qui était admiré de tous les oiseaux de la forêt, car il devait apprendre à voler de ses propres ailes, seul, sans personne. Même que les écureuils partageaient leurs noix avec lui!

Et une fois le soleil presque tombé dans la rivière du Nord, Éric repart chaque soir vers son calvaire, le 463 rue Filion! Depuis que je me souviens, Éric habite dans le bloc rouge du coin de la rue. Il faut savoir que chaque soir Éric traversait la rivière du Nord en arrière de chez lui en canoë de fortune, pas de ceinture de sécurité et une rame fatiguée! C’était l’époque. En 1979 nous les p’tits culs du p’tit Canada étions fait sur le rough comme on dit! Si seulement ça avait été possible, je crois qu’il aurait été habité avec la forêt! Suivre le soleil, aller dormir en même temps que lui, se réveiller avec lui aux aurores. Ne plus jamais avoir de l’air d'un raton laveur parce que le nouveau chum de votre mère vous a crissé une claque dans face! Vivre libre. Vivre sa vie d’enfant et se faire des tas de feuilles à l’automne pis jouer à se jeter dedans juste pour le plaisir.

Des fois je me demande même si le bois à McKenzie existe vraiment... c’était peut-être juste l’ami imaginaire d'un enfant battu.

*Sur  la balance de la mondialisation, une tête d’enfant du tiers-monde pèse moins

lourd qu’un hamburger.  Fatou Diome

E.T téléphone chez-nous

 En bon pauvre, nous avions Premier Choix, l'ancêtre de Super Écran avec à chaque mois un petit livret qui contenait l’horaire des vues. Un genre de TV Hebdo. Nous avions aussi l'Almanach du peuple, l’ancêtre de Météo Média, mais en papier. L'Almanach prédisait la température de chaque journée de l'année, plus d’un an à l’avance. J'ai connu du monde qui ne jurait que par cette publication. Nous avions Premier Choix, mais je n'ai jamais vu, de mémoire, le frigidaire plein chez nous. J'en conclus que les Beauséjour du petit Canada étaient plutôt cinéphiles qu’épicuriens.

Je n’ai de mémoire presque jamais fait d’activités en famille, jamais été à Terre des Hommes, jamais été au resto, jamais été à la cabane à sucre et, évidemment, jamais fait de voyage. De mémoire d’un barbu de 47 ans, laisse-moi te raconter la seule fois que moi, Balloune, ma mère Mado et mon père Dédé avons fait une activité ensemble. La seule et unique fois! Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais directement en enfer! Nous avons fait une activité ensemble grâce à Steven Spielberg.

J'avais 9 ans et mon frère Balloune 5 ans. Nous étions des petits singes à batteries inépuisables! Le carré du p'tit Canada n'avait pas de secret pour nous. L'été nous allions ramasser des fraises chez le bonhomme Jetté et faire assez d'argent pour aller s'acheter une patate frite vinaigre au Carré du Poulet su'a Maine. Il n’y avait rien de meilleur qu’une graisseuse avec un p’tit Coke en vitre. Mon 1982 sent la graisse « pétaque » frite. Mon 1982 a les yeux ronds de mon p’tit frère, des yeux comme des billes devant la devanture du Carré du Poulet! Mon 1982 goûte les fraises fraîchement cueillies de la famille Jetté à Mirabel! Mon 1982 goûte aussi les becs sucrés donnés à une fille entre un rang de fraise et une toilette chimique. Romantique de même. Je ne me souviens même pas de son nom, mais je me souviens de ses lèvres. Mon 1982 a le son d’Ozzy Osbourne dans les speakers de l’autobus vers le chemin du retour.

Mon 1982 c'est aussi mon meilleur ennemi Joel, qui habitait sur la rue Mickaël juste à côté du HLM sur le coin de la rue. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'au primaire tout le monde avait un meilleur ennemi. Je ne pourrais pas vous expliquer ce phénomène, mais je vous garantis que le mien c'était le pire sur lequel on pouvait tomber!

Mon histoire de haine avec Joel a commencé à l'école Saint-Alexandre de la première journée du primaire à la dernière journée de la 3e année. Jusqu'à l'événement, jusqu'à ce qu'on se donne des tapes su'a yeule! Par la suite, nous avions comme on dit dans le métier un «gentleman agreement». Je dois dire qu'il était le petit garçon «hot» de ma classe et peut-être même de l'école au complet. Toujours habillé à la mode, toujours avec les autres «hot» à casser du sucre sur le dos des perdus comme moi. Moi j'étais toute sauf «hot».

Je n'étais pas à la mode. Ça n'a jamais été à la mode de toute façon d'être pauvre. J'aurais dû dire aux autres que mes parents pratiquaient la simplicité volontaire. Je résume nos chicanes: lui était confiant, fort, sportif et avait une haine intérieure surprenante. Il était toujours en train d'achaler les plus faibles. Moi j'étais la victime parfaite, je suis né victime.

Le jour J, the day… dernière journée d'école de la troisième dans la classe de Mme Legault. Au dernier cours, il m'invite au rack à bicycle. Je tremble dans mes culottes de pauvre, de p'tit gars frêle, de p'tit gars qui mange déjà assez de claques sa yeule chez eux. Je suis battu d'avance. Je me débats déjà chez nous chaque jour que le Bon Dieu amène…

À la fin des cours, je me retrouve entouré de monde qui venait assister à un combat et pour mon plus grand malheur, j'étais l'un des deux batailleurs. Il souriait de bonheur et avait un goût de sang dans la bouche, c'est certain. J'ai fermé les yeux et j'ai lancé mon poing en uppercut pareil comme Mike Tyson, comme Muhamed Ali! Mon poing a atterri direct sur son menton. Comme dans le film Rocky, j’étais devenu Rocky Balboa. J’ai vu dans mes yeux Joel tomber sur le cul. J’ai vu dans ses yeux la peur et la honte.  Moi je n’étais pas euphorique, ni content, ni heureux. J’étais juste soulagé. J’avais vaincu ma peur, vaincu mon meilleur ennemi. J’avais gagné ma paix!

Le lendemain, au début des vacances, j’ai retiré tout l’argent que j’avais accumulé durant mon année scolaire à la caisse Desjardins de la rue Principale. Je voulais célébrer la fin des classes et l’arrivée au cinéma de Lachute du nouveau film de Steven Spielberg, E.T.! J’ai retiré toutes mes économies pour avoir assez de sous pour 4 billets pour la grande vue, 4 popcorn pleins de beurre et 4 liqueurs!

J’ai demandé à mon père Dédé de ne pas être soûl pour aller au cinéma. C’est pour ça que nous avons été à la représentation de midi. Il fallait aussi apporter du cannage pour les pauvres. C’est quand même ironique des pauvres qui apportent du manger pour les pauvres. J’ai fait des X sur les cannes de conserve pour voir s’il y a une de ces cannes qui reviendrait à la maison. Il est midi moins le quart, Dédé n’a pas bu une goutte de boisson, Mado a roulé assez de cigarettes pour tenir tout le film, Balloune boude un peu, il voudrait aller pêcher et moi je suis en mode 7e art. J'ai un rendez-vous avec un extra-terrestre!

J’adorais le vieux cinéma de Lachute qui avait des airs de ces théâtres des années 50. Le VHS a tué notre salle de cinéma. Le vulgaire VHS a tué une institution. J'ai les yeux gros comme des trente sous devant l’immense écran, mon frère a la face pleine de popcorn et moi je me demande ce que j’aime le plus à ce moment précis… La face pleine de popcorn de mon petit frère reste encore aujourd’hui l’une des plus belles images qui ne m’est jamais eu donné d’observer! Mado fume comme une cheminée et Dédé a les mêmes trente sous que moi dans les yeux. J’aurais tellement voulu que ce moment soit éternel. E.T. est un film magique, qui a réuni les 4 membres de ma famille l’espace d’un doux souvenir.

Encore aujourd’hui, seulement par les beaux soirs étoilés, je crois apercevoir E.T. dans un panier à bicycle traversant le ciel avec la pleine lune en arrière-plan. Pis c’est mon frère Balloune, la face pleine de popcorn, qui te promène dans l'infini de mes souvenirs!

Le bonhomme Setter

Il y a très longtemps, tellement longtemps que le bonhomme Setter allumait des chandelles dans les lampadaires de la Main Street à Lachute. Il allumait les lampadaires à la tombée du jour entre chien et loup. La noirceur n’était pas installée dans le comté d’Argenteuil mais ce n’était pas tout à fait non plus la pleine clarté. Comme dirait Jean Chartrand: « Le ciel était brun. »


Tellement longtemps que les trottoirs partout à Lachute étaient en bois. Le Ford à coup de pied n'était pas encore arrivé en ville. Ça fait tellement longtemps que l'électricité n'était pas encore dans nos lampadaires. En vérité, ils allaient arriver deux ans plus tard en 1901. C'était à ce moment là le début de la fin pour notre allumeur de lampadaires le bonhomme Setter.


En fait, le vieux venait de la pénombre de Carillon (Carry On, comme disaient les blokes dans l'temps). Il était allumeur de chandelles de père en fils depuis que la noirceur existait. Allumeur de lampadaire depuis la nuit des temps. En plus d’être allumeur, il était rouleur de trottoir à la noirceur. Pour vous dire, quand il a commencé son métier en 1860, Abraham Lincoln est devenu le 16e président des États-Unis!
Declan Setter est né ici, son père à fait partis de la garnison anglaise pendant la fameuse bataille de St-Eustache contre les Patriotes. Il a été élevé à la strap pis au gros sel à la claque sa yeule pis au coup d’pied dans l’cul! C’était l’époque.


Declan lui rêvait de cheval pur sang, il rêvait d’aller combattre au far west. Il rêvait de la ruée vers l’or. Et dans ses rêves de p’tit gars, il voyait des milliers de pépites d’or dans une charrette. Comme quoi que même l’évolution et le temps qui passe n’a pas changé le désir de l’argent peu importe les âges. La mère Setter est morte très jeune assez jeune que pour Declan en est aucun souvenir. Dans la longue vie de Declan Setter l’absence de sa mère fut crucial même un point tournant quand il a choisi entre le bien et le mal. Il faut dire Que son père ne lui a jamais pardonné la mort de sa femme...même si ce n’était pas de sa faute son père lui en voulait. Sa mère Lady Setter est morte en accouchant de lui. Au dire de son père, il a emporté avec lui le malheur.


Le bonhomme Setter comme les gens de Lachute l’appelait a grandit avec l’idée qu’il n’était qu’un bon à rien. De plus avec ses grand bras longs, des jambes à perte de vue, un long nez, un regard flou, il avait des airs de fossoyeur plutôt que de jeune premier même quand il était un jeune premier. Les gens changeaient carrément de trottoir à sa vu. Il n’a pas inventé la laideur et c’est tout juste. Il avait toujours dans les pieds des souliers trop grand qui lui donnait toujours l’impression de flotter. Avec son grand manteau noir qui traînait presque à terre, il voulait se donner des airs de cowboy du Far-West. Il avait toujours sur sa tête difforme un chapeau noir, il aurait pu être un excellent chapelier. Il adorait manger de l’ail des bois qu’il cueillait presque à tous les jours dans le bois à McKenzie ce qui lui donnait une haleine horrible! La rivière du nord n’avait pas de secret pour lui. Certain raconte qu'il mangeait même de la barbotte cru ce qui prouverait qu'il n'avait pas d'âme.


Et en 1901 avec l'arrivé de l'électricité dans le comté d'Argenteuil Declan Setter perdait son travail principale, il n'y avait pas assez de trottoir à rouler pour "jobber" et il n'y avait pas de place disponible pour lui à la Lachute cotton compagny! L'homme erra pendant quelques temps avec le poids de sa vie sur ses épaules dans la rue sale et transversale de Lachute. Un spleen d'une profondeur océanique suivait sa trace. Et quand il retournait à St-andré il n'avait même pu le goût de lancer des roches. *(les habitants de St-André sont depuis longtemps appelé "pitcheux de roche" par nous le monde de Lachute). Ils ne faut pas les jugées, ils sont humains après tous mais si ma fille mari un gars de St-André je la renie sur le champs.

Le cercle des bonnes dames du comté d'Argenteuil s'est réunis et elles ont voté à l'unanimité pour engager le bonhomme Setter comme gardien officiel de la bienveillance! Sans le savoir les femmes du comté avait créé un grand classique québécois.  

Enfin...Declan Setter avait trouver un vrai sense à sa vie. Une raison de vivre. Il recevait par la poste des demandes pour faire peur aux enfants avec les informations nécessaire. Des lettres officiel signé notarié.
Faire peur aux enfants en 1901 c'était un métier honorable.

10 janvier 1901
Il fait froid. La noirceur était partout à grandeur sur la rivière du nord. Le p'tit Daoust jouait seul sur la patinoire à ciel ouvert! Il est passé 7 Heures…

Un ombre noir s'approche du jeune Daoust. Un ombre de ses 6'9 c'est très imposant!

Declan Setter:
Hey té le p'tit Daoust qui reste sa rue Béthanie toé???

Heu...oui monsieur!!!! Que dit le p'tit Daoust en tremblant.

Declan Setter:
T'as deux choix mon p'tit gars!

Tu retourne chez-vous tous suite pis quand ta mère te dit de rentrer tu l'écoutes.

Sinon je t'emporte avec moé dans les limbes pour l'infini. Tu vas voir que l'infini c'est long longtemps.

Oui Monsieur...oui monsieur! Je m'excuse monsieur. Que dit le p'tit Daoust transis de peur.

Declan Setter:
Tu diras à ta mère que tu as rencontré le bonhomme Setter su ton chemin.
Pis là court pas c'est dangereux à la noirceur avec des chevaux  pis des charrettes d'in rue.

Le petit Daoust n'a plus jamais joué à la noirceur sur la rivière du nord pu jamais. Et en arrivant chez eux, il a dit à sa mère qu'il avait rencontré le bonhomme 7 heures!!!! À ce moment précis sans le savoir, un légendaire personnage était né! La rumeur dans les cours d'école à vite fait son chemin. Tous le monde dans le comté d'Argenteuil en parlait! Le Cercle des bonnes dames du Comté  ont respecté le secret entre eux. Le secret est resté bien emmitouflé dans le cercle comme un précieux trésor.
Même que les hommes de la région en savait rien.

Comme un traîné de poudre la rumeur à faite le tour de la belle province...de Lachute jusqu'au limite du Labrador! Tout le monde partout disait avoir vu le Bonhomme 7 heures dans son village où sa ville  mais la vérité c'est qu'il ne travaillait qu'à Lachute! Sa légende était tellement immense que même les enfants dans d'autre comté rentrait avant la noirceur.

C'est ainsi qu'au début des années 1900, tous les enfants de la belle province rentraient avant la noirceur d'eux même sans chigné. Pendant un certain temps les rues et ruelles des anglais comme des français étaient vide.

Pis comme on a pas encore inventé l'éternité, le bonhomme Setter est mort heureux dans son humble logis en 1919! Il est mort dans son sommeil à ce qu'on raconte avec le sourire aux lèvres.

Un certain raconteur né à Lachute dit même que par les nuits froide d'automne pendant que les feuilles des arbres vont mourire en tas pour amuser les enfants, on peut entendre murmurer  sous forme de vent le bonhomme Setter une fois la noirceur tomber.